La croix, la ville et la mer

Il est tard, mais pas plus tard qu’à Nantes. Il fait chaud ce soir, chaud pour un mois de juillet. Le calme platonique de Sao Martinho est parfois brisé par la lueur des phares d’une Dacia – une Duster, je crois. Par les brefs mots prononcés par les quelques passants encore dehors. Il fait chaud et il n’est que 23h30. Une heure de moins qu’en France, je crois. Je sors. La ville est belle, la ville lumière et je m’avance dans les rues pavées d’incertitudes : où aller ? La mer est proche, seulement cinq minutes à pied, deux en voiture à cause des routes étroites. J’y suis allée hier, c’était beau. La mer est belle, la mer reflète. Elle est photographiée par les touristes, l’orgueilleuse lune s’y reflétant toute entière. Madame, que je vous ai enviée. Mais pas ce soir. Je monte. La ville est en bas, la mer aussi mais je monte. Le trajet, bien que court, est fatigant ; Les pavés glissent, la pente est raide. J’halète, je souffle, je monte et je m’arrête. Majestueuse, elle se dresse devant moi. Je ne suis pas croyante ou alors je ne crois en rien mais je m’avance. Dieu voit tout, dit-on, et d’ici je vois tout. Pique blasphématoire que je pense avec arrogance et un dédain parfaitement désintéressé, simple signe de mon absence de conscience religieuse, soutenue par un athéisme qui n’en est pas tout à fait un : Je suis agnostique. Je vois d’un côté la ville, belle, vivante, lumineuse et pavée d’or. Il n’y a pas de lumière de l’autre côté. Seulement l’immensité de l’océan recouvert par une mer de nuages gris. Je vois tout mais pas la lune. Oh ! Je vois tout, oui. Je vois tout depuis

La croix.

Je saute.

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